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HUILES ESSENTIELLES

Les huiles essentielles sont des concentrés de principes actifs des plantes qui possèdent de très nombreuses propriétés : antibactériennes, antifongiques, régénérantes, cicatrisantes, relaxantes, dynamisantes…

Seules les plantes dites aromatiques ou à parfum contiennent ces molécules. Ce sont des molécules hydrophobes, c’est-à-dire qui ne se mélangent pas à l’eau, obtenues soit par expression (agrumes), soit par hydrodistillation, soit par distillation par entraînement à la vapeur d’eau. Ces deux derniers  processus permettent, grâce à la chaleur, de faire éclater les cellules de la plante et ainsi de séparer les molécules aromatiques de la partie aqueuse de la plante.

Les huiles essentielles se trouvent naturellement dans certains organes d’une plante : les fleurs (lavande), la racine (gingembre), l’écorce (bois de cèdre), les parties aériennes (romarin), ou encore la résine (encens)… Il arrive même qu’une même plante contienne différentes huiles essentielles, à la composition et donc aux propriétés et à l’arôme différents (ex : le cannelier de Ceylan donne deux huiles essentielles, la cannelle écorce et la cannelle feuille). Toutes les plantes dans le monde ne contiennent pas nécessairement ces molécules aromatiques ; certaines en contiennent seulement des traces, d’autres pas du tout.

Les propriétés des plantes aromatiques sont connues depuis des milliers d’années, et même avant l’invention de l’alambic, on avait compris l’importance de l’action de la chaleur pour libérer leurs molécules aromatiques actives : les aborigènes d’Australie, par exemple, dès 40000 ans avant notre ère, utilisaient les plantes aromatiques en fumigation pour soigner les infections.

Les premières traces écrites de description du processus de distillation datent du 1er siècle de notre ère, cependant on a retrouvé au Pakistan un alambic en terre cuite dont l’origine remonterait à 5000 ans avant notre ère.
C’est autour du bassin méditerranéen que se développe la science des plantes aromatiques. Imhotep, vizir et architecte du roi Djéser (vers 2700 avant notre ère) également philosophe et médecin? est l'auteur d’un traité médical, le papyrus Ebers, qui détaille de nombreux traitements de diverses affections. Il connaissait très bien l’usage de nombreuses plantes aromatiques : cèdre du Liban, labdanum,  nard, encens,  cumin, myrrhe, anis, cannelle... Dans le tombeau de Toutankhamon, on a retrouvé des jarres contenant des résines, dont de l'encens, toujours odorantes après un séjour sous terre de 3200 ans. 
En Grèce, dès 1200 avant notre ère, les Phéniciens rapportent d’Orient le poivre, la cannelle, l’encens… Hippocrate, père fondateur de la médecine scientifique, rassemble au 5ème siècle avant notre ère toutes les connaissances en médecine de l’époque. Un siècle plus, tard, Théophraste, savant botaniste et élève d’Aristote, effectue une classification très exhaustive des plantes dans son ouvrage Historia Plantarum, qui ne sera pas améliorée avant la Renaissance.
Dioscoride (40-90 de notre ère), Grec d’Asie mineure, médecin et grand voyageur, rassemble pas moins de 600 espèces de plantes et plus de 1 000 remèdes au sein de son ouvrage De Materia Medica : onguents, baumes, bains aromatiques… L’ouvrage est traduit  en latin et en de nombreuses langues européennes et orientales. Il sert de base aux herbiers arabes.
Le monde arabe fait énormément avancer les connaissances techniques d’amélioration du processus de distillation. Cette dernière a beau avoir été inventée des millénaires auparavant, il faut attendre le savant et alchimiste persan Ibn Sina (980-1037), plus connu sous le nom d’Avicenne, pour qu’elle soit sensiblement améliorée. C’est Avicenne qui produit la première huile essentielle pure, à partir de pétales roses de Damas, grâce à son invention : l’alambic (de l’arabe  āl-anbyq, « chapiteau d’une cornue »). Il écrit de nombreux ouvrages médicaux qui laissent une large place aux huiles essentielles.
Les Romains ont permis la diffusion de ces savoirs à travers toute l’Europe jusqu’au Moyen Âge. Les croisades ont ensuite permis les échanges commerciaux de plantes aromatiques, ainsi que la diffusion des techniques de distillation.

L’Europe produit des huiles essentielles dès le 12ème siècle de notre ère, privilégiant les variétés locales : lavande, romarin, thym… On utilise également les huiles infusées – aussi appelées macérâts –, les alcoolatures (infusion de la plante dans l’alcool) ou les vinaigres aromatiques.

La légende attachée à la recette du vinaigre des quatre voleurs atteste de ces usages. Ce produit, inscrit au codex de la pharmacopée en 1748 et vendu en pharmacie comme antiseptique, est composé de vinaigre dans lequel ont macéré des plantes aromatiques, qui varient selon les sources mais possèdent toutes des propriétés antiseptiques, antibactériennes et antivirales : lavande, romarin, sauge officinale, acore odorant, cannelle, girofle, ail, camphre, muscade, menthe… L’époque, les lieux et les circonstances varient également selon les sources, mais l’histoire dit que lors d’une épidémie de peste dans la région de Marseille, entre le 14ème et le 17ème siècle, sévissait une bande de quatre voleurs qui détroussaient les morts sans être affectés par la maladie. Or ce crime était puni de mort afin d’éviter la contagion et la propagation de la maladie. Les voleurs finirent par être arrêtés, et la légende raconte qu’on leur accorda la vie sauve en échange de leur secret : ce fameux vinaigre, qu’ils consommaient quotidiennement et dans lequel ils trempaient linge et vêtements avant tout contact avec les malades.

Peu à peu, au fil des siècles, l’utilisation des huiles essentielles pour leurs propriétés thérapeutiques tombe dans l’oubli en Europe. Le développement de l’industrie du parfum autour de la ville de Grasse, en France, permet de sauvegarder la tradition de la culture des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM).

C’est au 20ème siècle que le terme « aromathérapie » est inventé, par un chimiste du nom de René-Maurice Gattefossé. L’histoire raconte qu’il redécouvre les propriétés de la lavande vraie (Lavandula angustifolia) par hasard : en 1918, s’étant brûlé la main dans son laboratoire, il la plonge par réflexe dans un récipient rempli d’huile essentielle de lavande, et en ressent un soulagement immédiat de la douleur. La cicatrisation intervient également en un temps record. Ces résultats le poussent à étudier de près le lien entre composition biochimique de la plante et actions. En 1928, il invente le terme aromathérapie. En 1929, Louis Sévelinge, pharmacien et botaniste, travaille à la Faculté de pharmacie de Lyon sur les huiles essentielles et confirme le potentiel antibactérien élevé de ces substances aromatiques. 
Dans les années 1960, le docteur Jean Valnet, chirurgien militaire, utilise les huiles essentielles dont il vérifie l’efficacité sur le terrain, notamment en diffusion en milieu hospitalier afin d’éviter le propagation des infections. Il publie alors des ouvrages de vulgarisation qui font connaître au grand public l'efficacité des huiles essentielles, relançant ainsi leur usage médical.
Duraffourd, Lapraz, d'Hervincourt et Belaiche, tous les quatre médecins, prennent ensuite le relais, affinent la thérapeutique aromatique, créent des enseignements et rédigent des documents qui posent cette médecine naturelle de pointe. 
En 1975, Pierre Franchomme, aromatologue, met en évidence l'importance du chémotype (ou race chimique de l'espèce) ou, en d'autres termes, la définition des molécules biologiquement actives sur un certain nombre de pathologies étudiées cliniquement. Sa précision permet de réduire les échecs thérapeutiques et de diminuer les effets secondaires ou les risques de toxicité. Le chémotype associé à la dénomination scientifique latine permet la parfaite compréhension du mode d'action des huiles essentielles et d'obtenir un traitement naturel, puissant et efficace. 

Bibliographie L’aromathérapie, Se soigner par les huiles essentielles, Dr. Jean Valnet
L’aromathérapie exactement, P. Franchomme
Ma Bible des huiles essentielles, D. Festy


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